Sous inFluence.

Mais c’est quoi ce truc?

Bon, il est temps que je vous parle de micros.

Changer un micro a été la première modification que j’aie jamais faite sur une guitare.

Aria

Le mien était en noir, mais bon…

Ma vieille Aria Pro II s’en souvient, j’ai remplacé le micro chevalet anémique par un Seymour Duncan Hot Rails (et un switch pour avoir 3 options : humbucker, single coil et hors phase). Enfin un gros son ! Et un tout petit, histoire d’avoir un truc zarbi.

Puis, un copain m’en ayant filé un, j’ai remplacé le micro manche anémique par un joli Lace Sensor de très probablement sorti d’une Fender (ils en avaient l’exclusivité de 1987 à 1996), que j’ai affreusement peint en noir (sinon, en blanc, ça aurait fait vraiment trop moche). Je crois me rappeler que c’était un Silver, ou un Gold.

Voilà, le cap était franchi. Changer un micro est très aisé, il suffit de savoir se servir d’un tournevis et d’un fer à souder (de moins en moins, ceci dit, des solutions sans soudure émergeant de plus en plus).

Alors, par lequel commencer? Peut-être par les seuls micros que j’installerai désormais sur mes guitares, tant le projet est prometteur. Le prjet? Que dis-je?!?… ils sont déjà là !

Fisman est un fabricant renommé dans les micros et solutions d’amplification… pour guitare acoustique ! Mais pas que.

Un bien beau vibrato piezo…

En ce qui concerne la guitare électrique, ils ont une gamme très conséquente de chevalets piezo  (au cas où avoir les sonorités d’une acoustique sur votre électrique vous tente), un contrôleur midi qui semble faire l’unanimité, et ils viennent de révolutionner le micro traditionnel avec leur gamme Fluence.

Larry Fishman et son équipe se sont penchés sur ce qui faisait la magie d’un micro pour guitare.

Et justement, c’est ça qui les a chiffonnés : même avec des processus de production très calibrés, la variance des matériaux utilisés (le fil de cuivre en particulier) fait qu’il n’y a quasiment pas deux micros qui sonnent pareil, bien qu’identiques sur le papier.

Rappelons le fonctionnement de base d’un micro : un fil de cuivre est enroulé autour d’une pièce en plastique afin de créer une bobine.

Au milieu de cette bobine, on place un ou plusieurs conducteurs qu’on va aimanter afin de transformer, par la magie de la loi de Lenz-Faraday, les vibrations d’une corde placée devant en léger courant électrique, qui sera transmis à l’ampli.

Le corollaire de cette loi montre d’ailleurs que ce courant crée un champ induit qui s’oppose au mouvement initial, ce qui explique pourquoi on a moins de sustain en approchant trop les cordes des micros. C’est fou, la physique.

Le type et la qualité de la bobine on un impact majeur sur le son qui en résulte, et l’impossibilité de créer deux bobines identiques (au mieux, on fait deux micros de même impédance) fait qu’on obtient jamais deux micros au son rigoureusement identique.

C’est la question que se sont posé les gens de chez Fishman : comment réduire le facteur hasard de la production d’un micro, afin de pouvoir reproduire à l’infini la même « magie » d’un micro à l’autre, une fois qu’on l’a synthétisée?

Et ils ont trouvé.

La bobine n’est pas reproductible? En enroulant un fil, non. Mais si on IMPRIME la bobine, on devrait réussir à obtenir un résultat constant, en imprimant une bobine sur une « feuille », et en superposant les feuilles, connectées entre elles pour former une bobine aux caractéristiques recherchées.

Et c’est ainsi qu’ils ont fait des tas d’essais :

Voilà à quoi ressemble une bobine imprimée.

 

– longueur de la « piste » en cuivre

– nombre de tours par couche

– nombre et épaisseur de chaque « couche » superposée

et ils sont finalement arrivés à la structure suivante :

48 couches superposées, une pièce de séparation et 48 autres couches, mais avec les bobines imprimées dans l’autre sens.

Oui, comme un humbucker : pour supprimer la ronflette.

En mettant des aimants au milieu de cette bobine, ils ont donc obtenir un micro parfait. Sans la moindre personnalité.

Ils ont donc ensuite analysé les meilleurs micros sur lesquels ils pouvaient mettre la main et on analysé leur signature magnétique et leur courbe de réponse, qu’il ont ensuite reproduit sur leur « monstre ».

Mieux : ils ont la capacité de donner à leur micro les capacités d’un micro alliées à celle d’un autre, le tout étant modifiable à la volée.

Oui, vous avez bien lu : à la volée, en appuyant sur un sélecteur qui va appliquer différents « profils ».

Les bénéfices sont énormes :

– les micros sont identiques, quel que soit l’exemplaire que vous achetez

– vous avez accès à des sonorités mythiques, chaque micro ayant 2 « voicings » pré-établis, correspondant bien évidemment au type de micro  que vous recherchez : il y a des typés strat, métal, classic Humbucker etc.

Type humbucker « moderne »

Type humbucker « classique »

Type « Stratocaster »

– pas de parasites, pas de ronflette, mais sans atténuer la brillance comme le fait un humbucker normal

– pas de perte de signal sur de longues distance ni en baissant le volume, car les micros sont pré-amplifiés, et le préampli fait office de buffer

L’inconvénient : la pile. Qui dit préampli (afin de donner du caractère au micro), dit alimentation.

Bon, ils fournissent un kit avec une batterie qui se recharge sur USB (qui n’a pas de portable aujourd’hui), et la batterie tient 250 heures, ou sinon vous pouvez utiliser la traditionnelle pile de 9V.

Ils fournissent aussi des plaques arrières pour la recharge et tout un tas de gadgets utiles que vous trouverez sur leur site.

Allez, on y va pour quelques vidéos, parce que sinon c’est pas fun.

La vidéo de présentation, tout d’abord.

Ensuite, comme je vois qu’Audiofanzine vient d’en faire le test, je vous envoie sur leur truc.

En ce qui me concerne, la vrai évolution serait de pouvoir choisir plus de sons, puisque tout est possible. Pourquoi ne pas avoir accès à tous les voicings, voire d’en fabriquer soi-même?

Le jour où ils font ça, je pense que je laissera tomber ma Variax. Ou pas.

Allez, a plus tard, et une pensée très émue pour B.B. King qui nous a quittés. Non, mieux, une vidéo.

 

Au chevalet d’une guitare classique.

Oui, c’est décidé, vous aurez droit à un jeu de mot pourri par article.

Double-face-palmBon, ceci étant fait, passons aux choses sérieuses.

J’ai – enfin – réparé le chevalet de la guitare classique qui se languissait sur mon établi depuis des mois.

J’ai fait une petite vidéo, que vous trouverez en bas de ce billet, mais parlons un peu de la procédure…

Tout d’abord, il faut retirer les excédents d’ancienne colle et autres salissures qui vont mettre en danger l’adhérence de votre colle à vous. De l’alcool ménager (si la guitare n’est pas coûteuse et ancienne, donc pourvue d’un vernis nitrocellulosique, sinon du pétrole désaromatisé), de l’huile de coude, un ciseau à bois bien affûté et du papier de verre pourront venir à bout de ces gêneurs.

Ne pas oublier de masquer les parties ne devant pas être touchées, avec du scotch de masquage de peintre par exemple.

LA Titebond.

J’utilise une colle bien connue des luthiers, la Titebond, qui a le mérite d’être assez permissive (on peut repositionner pendant quelques minutes), facile à utiliser (les bavures se retirent au chiffon humide) et très solide. Elle est aujourd’hui disponible en France à des tarifs raisonnables. Non, j’ai pas d’action chez eux. Ni chez personne, d’ailleurs.

Si vous êtes puristes, vous pouvez utiliser de la colle de peau, mais c’est moins pratique. Ceci dit, bien qu’elle soit originellement sous forme de cristaux à diluer on la trouve aujourd’hui sous forme directement liquide. Oui, toujours par les mêmes.

Une colle à bois standard pourra aussi faire l’affaire, si vous n’êtes pas trop regardant.

Ensuite, la partie la plus délicate consiste à maintenir le chevalet en place, et là il n’y a pas 50 solutions : il vous faut des serres-joints adaptés.

Quels beaux serre-joints…

Autant vous dire qu’après avoir voulu les fabriquer moi-même, j’ai renoncé par paresse, et j’ai fini par les acheter. Au prix où c’est, ça reste possible.

Attention : quand je les ai commandés chez Luthier Online, les modèle présenté était trop court pour  la rosace d’une classique. Ils ont eu l’élégance de m’en renvoyer de plus adaptés, bravo à eux, et précisez bien pour quel usage ou type de guitare c’est prévu, vous éviterez les déconvenues et les retards.

Le gros truc, c’est qu’il faut un bon point d’appui sous la table, et que les choses se compliquent à cause du barrage.

Pour y remédier, j’ai honteusement pompé les idées de chez Stewmac, que le grand manitou Dan Erlewine explique bien mieux que moi pour le peu que vous soyez anglophone. grosso modo, on triche avec du polystyrène. Oui, c’est expliqué aussi dans ma vidéo qui suit.

Une fois que tout est en place, qu’on a bien serré le chevalet et essuyé les bavures de colle, on laisse sécher le temps recommandé et puis c’est tout !

Attention à ne pas oublier la cale placée sous la table, sinon la guitare sonne moins bien. Ne riez pas, ça m’est arrivé.

Enfin, vous pouvez vous accorder selon les recommandation de mon héros habituel, Didier Duboscq.

La vidéo est disponible par ici, bien que j’explique la même chose dans ma propre vidéo, que voici :

Comme d’habitude, si vous consultez cet article par mail, c’est pas dispo, alors cliquez ici.

Bon week-end prolongé à tous !

 

Bon, j’ai un peu menti.

Oui, j’avoue, j’ai menti.

Je vous ai promis de passer plus souvent pour vous donner des nouvelles, et je ne l’ai pas fait.

J’ai pris la bonne résolution pour 2015 d’être plus régulier sur mes posts, et voyez le résultat : ça fait 15 jours que je n’ai rien posté.

Oui, j’ai honte. Mais c’est bon, la honte.

Bon, puisque j’ai grave la flemme de continuer mon passionnant article sur l’ergonomie, que j’ai pas monté les vidéos de mon recollage de chevalet et que j’ai pas envie de vous parler des incroyables micros Fluence de chez Fishman, ben je vous jette en pâture un petit truc absolument inutile : un kickstarter pour une installation qui vous permettra de mettre des lasers sur votre gratte.

L’effet est absolument merdique (ça éclaire les doigts, Wooo!), le bitoniau encombrant sur la guitare, mais ils ont réussi à financer leur projet, grâce à 32 inconscients* qui leur ont permis d’atteindre les 7000$ d’objectif…

Oui, j’ai honte, mais c’est pas grave.

Bonne semaine à tous !

* en fait, c’est peut-être juste des personnes qui ont très mauvais goût, ou Steve Vai**.

** je me moque, mais j’adore Steve Vai.

J’ai les doigts qui saignent…

Salut à tous !

Bon, je vous ai envoyé un titre accrocheur, et bien évidemment un poil mensonger.

Voici un indice :

Plateau_verre

Pour savoir pourquoi mon établi accueille une magnifique plaque de verre, suivez ce lien.

Eh oui : je dois depuis quelques mois recoller le chevalet d’une guitare classique, comme vous le savez peut-être.

J’ai attendu longuement les serre-joints permettant de le faire dans de bonnes conditions, mais je les ai depuis quelques jours…. et toujours rien.

Pourquoi?

Ciseaux à boisTout simplement parce que j’ai découvert que tous mes ciseaux à bois sont émoussés par des années de mauvais traitements.

Comme il est hors de question que je travaille sur une guitare avec des outils aussi épouvantables, je me suis mis en tâte de les aiguiser.

Et je me suis lancé dans la technique aimablement partagée par le Copain des Copeaux, merci à lui pour tous ces conseils inestimables.

Et comme je ne suis pas super-équipé, ben mes doigts partagent le sort des ciseaux à bois : ils se font raboter.

Donc, le titre de cet article n’était pas complètement faux.

Je noie encore le poisson?

C’est vrai, mais j’ai un peu la flemme en ce moment. Et beaucoup de boulot.

A très bientôt, j’ai des tas de trucs à vous faire partager, il faut juste que je trouve le temps et le courage de le faire…

Encore plus de folie (ou d’ergonomie)

Salut à tous,

je vous ai un peu délaissés cette semaine, mais j’ai de bonnes excuses :

Tout d’abord, j’attendais du matériel pour réparer la guitare classique qui attend depuis des mois, et principalement des serre-joints pour rosace.

très jolis, mais trop courts.

très jolis, mais trop courts.

J’en ai commandé chez luthier-online, hélas ils se sont avérés trop courts pour le chevalet d’une guitare classique (voir photo ci-contre).

Ma déception forte a ému mon fournisseur, qui a eu la grande élégance de m’en envoyer d’autres, plus adaptés, qu’il en soit remercié ici.

Tout de suite, c'est mieux.

Tout de suite, c’est mieux.

Du coup, je vais pouvoir enfin réparer cette guitare que son propriétaire attend depuis longtemps, heureusement que c’était pas urgent…

Ensuite, j’étais en plein mode préparation aux entretiens d’embauche puisque je cherche depuis un moment, et que j’ai enfin des pistes très sérieuses.

De plus, je fais des travaux à la maison, alors j’ai souvent les mains dans l’enduit, la peinture et autres produits ne favorisant pas la frappe sur clavier…

Enfin, je vous renvoie à ma liste d’excuses habituelle pour d’autres raisons tout à fait honorables.

Pour vous faire patienter un peu, voici quelques additifs à l’article précédent sur l’ergonomie, avec d’autres expérimentations en la matière.

On commence soft, avec des guitares dotées d’une forme qui épouse vraiment celle du corps du guitariste : plutôt que de creuser le corps de la guitare là où ça frotte, on crée un corps totalement courbe.

C’est plutôt pas vilain à regarder, et c’est chez Sinuous Guitars. Merci à Ghjulia pour l’info !

(pour les mobiles, voici le lien vers la vidéo)

Ensuite, ben là on sombre dans le plus fou, dans le plus extravagant. Je ne sais même pas par où commencer…

Ce sont les guitares de la marque Teuffel. On commence par la moins extrême, la Niwa.

Même principe que chez Sinuous, la guitare épouse le corps du guitariste.

Bon, c’est pas trop écolo, car ils partent d’un morceau de bois de 10 cm de large, et ils creusent pour obtenir la forme finale. On aime ou pas la forme, mais on ne peut pas retirer l’intention d’ergonomie.

Accès aux aigus facilité par la jonction au corps (seulement 3 vis), facilité de blocage du vibrato grâce à une ruse dans la cavité,  c’est du beau boulot.

D’autres petits détails (revêtement mat, repères sur la tranche du manche phosphorescents, roller nut, mécaniques encastrées dans la tête) renforcent cette recherche forte d’ergonomie.

Allez faire un tour sur leur site, vous trouverez tous les détails concernant cette guitare… ainsi que les autres.

Parlons-en, des autres !

Allez, on part sur la Tesla (ça ne s’invente pas, quand on choisit le symbole de la geekitude, on peut s’attendre à du spécial).

La Tesla (ici le modèle avec du midi en rab), pour les enregistrements à bord de l’Enterprise.

Bon, inutile de vous dire que là, ceux qui jouent avec le pouce au-dessus du manche à la Hendrix vont être un poil gênés.

Corps sans tête, accordage au chevalet, accès aux aigus total. La guitare est pensée pour favoriser le travail assis en studio (d’où la barre du bas pour s’appuyer sur la cuisse), et supprimer toute forme de sons parasites, disent-ils.

En ce qui me concerne, je trouve qu’ils ont surtout supprimé toute forme de sex-appeal et/ou d’attitude.

Allez, on passe au pir… à la forme la plus surprenante, j’ai nommé la Birdfish. Parce que les deux pièces d’aluminium à l’arrière ressemblent respectivement à…? Oui, bien joué Jessifer : un oiseau et un poisson.

C’est un oiseau? C’est un poisson? Non, c’est la Birdfish !

Bon, là, on est dans l’extrême, le plus configurable, le plus geek, le plus chromé, le plus réfléchi possible.

Probablement le moins sexy aussi, mais c’est un autre débat.

Les micros sont remplaçables à la volée, on peut adapter au quart de poil leur placement, on peut incliner le truc en métal qui accueille les contrôles à sa guise, et on peut donner un caractère tonal à la guitare en changeant les « tonebars » (les deux gros machins ronds de couleur), ce qui modifierait la tonalité de la guitare.

la réglette sur laquelle glissent les micros.

Bon, nous ne nous insulterons pas ici en lançant l’interminable débat à propos de l’influence du bois du corps sur la sonorité de la guitare électrique, il y a d’autres lieux pour cela.

Je vous laisse aller faire un tour sur leur site pour voir tout ce qui concerne cette guitare improbable, qui a au moins l’avantage de surprendre, et de permettre de tester tout un tas de possibilités.

Bon, si vous n’y tenez pas, et souhaitez voir ce trois extraterrestres en action, voici une petite vidéo qui vous les présente toutes les trois.

Oui, c’est énorme.

Mais c’est aussi en anglais, fallait pas rêver les amis 😉

Allez, c’est tout pour l’instant, bon lundi de Pâques à tous !

 

« Cogito ergo nomi ».

« Je pense, donc je fais des jeux de mots moisis ».

J’ai honte (allégorie)

Je ne suis pas très fier de mon titre, mais on est pas tous les jours au top se sa forme non plus.

Aujourd’hui, un dossier de fond : l’ergonomie.

Non, ce n’est pas sale.

Ouille.

Si vous avez déjà passé quelques heures à jouer sur votre instrument, vous avez peut-être déjà ressenti une fatigue, une gêne, voire une douleur provoquée par la pratique extensive, la physionomie de la guitare, ou la votre, pas adaptée à la première.
C’est à la diminution de ces problèmes, voire leur suppression, que l’ergonomie s’attaque.

De nombreux luthiers et fabricants se penchent depuis des années (on peut même dire quasiment depuis l’arrivée des guitares de type solibody) sur ces problématiques, et tentent d’y apporter des réponses.
Nous allons voir ici une partie de ces solutions, qui sont parfois un peu surprenantes au niveau visuel, mais dont le sérieux de la démarche ne peut être mis en question.

Dans ce premier article, nous allons aborder la question du corps de la guitare (le sujet est un peu large, alors vous aurez le droit à plusieurs épisodes).

Le premier exemple qui vient à l’esprit, est celui de la Stratocaster, présentée en 1954 comme une version améliorée de la Telecaster.
En effet, outre le vibrato et les trois micros au lieu de deux, cette guitare tente alors d’amener beaucoup plus de confort au guitariste en adoptant des formes plus courbes (appelées « french curves », cocorico) et surtout en chanfreinant le corps afin que les contraintes de la guitare sur le corps du guitariste soit amoindries.

Si vous avez déjà joué longuement sur une Telecaster, vous aurez constaté que la guitare fait mal. À l’avant-bras, qui vient frotter contre l’arête du corps, et au ventre, où elle nous rentre dans les côtes, surtout si vous jouez torse nu (ben quoi? Van Halen le fait bien, lui…).

Pour tout cela, Fender a pensé à deux solutions, qui sont reprises sur nombre de guitares depuis :

Le belly cut, ou « Tummy Cut » selon Warmoth.

la découpe ventrale (ou « belly cut »), tout d’abord.

On creuse le corps de la guitare au niveau de l’arête supérieure qui frotte sur le ventre (à l’arrière de la guitare), ce qui apporte un grand confort au guitariste qui joue debout.
C’est à ce point une amélioration qu’elle a depuis été rajoutée sur certaines Telecaster !

les puristes hurlent, les autres souffrent moins, merci.

Le « Forearm Contour » selon les mêmes.

Deuxième solution : le chanfrein pour l’avant bras, qui est une totale bénédiction si vous jouez un style un peu énervé.

J’ai des souvenirs émus d’avant-bras très douloureux après une session un peu longue sur une guitare de type Telecaster avec un joli binding qui me rentrait dans la couenne (oui, celle-là même que j’ai sauvagement convertie en Variax).

A noter : ce problème est amoindri sur les guitares avec une table bombée type Les Paul, qui sont inspirées des « arch top » et ont déjà une courbure épousant mieux l’angle de l’avant-bras qu’une à table plate (« flat top »).

Certaines guitares sont même dépourvues d’arêtes ou presque, à l’image de la guitare signature d’un certain Joe Satriani.

Pendant que nous sommes dans le corps du sujet (humour !), on va continuer à voir en quoi limer le corps d’une guitare peut amener plus de confort.

Et l’accès aux aigus, on en parle, de l’accès aux aigus? Oui.

Le « Contoured Heel » chez Warmoth.

Il va en fait s’agir de réduire l’épaisseur du corps au niveau de sa jonction avec le manche, ce qui donne un bien meilleur accès aux notes les plus aiguës.

Dans la photo ci-contre, vous avez la solution qui consiste à incliner la plaque de fixation du manche (Warmoth parle de « Contoured Heel »), ce qui est totalement invisible pour l’auditoire, mais tellement confortable qu’on se demande pourquoi tout le monde ne le fait pas.

Ibanez utilise une solution proche, appelée AANJ (All Access Neck Joint), qui va dans le même sens sans plaque de protection, toutes leurs guitares de haut de gamme en sont équipées.

Sur les manches collés, ainsi que sur les manches traversants (le manche fait toute la longeur de la guitare) les jonctions les plus merveilleuses sont possibles, à l’image de ces somptueux spécimens :

Le dos d’une Aristides 070 (d’une seule pièce)

La Suhr Guthrie Govan, hélas plus en vente.

Remarquez comme la table est creusée. Oui, là.

D’autres constructeurs comme Paul Reed Smith (PRS) ont choisi une approche différente en creusant la table, voir la photo de cette magnifique « Paul’s Guitar » (si quelqu’un a 3900€ à me donner, il ou elle aura ma gratitude éternelle).

Il est aussi un domaine qui coûte aux guitaristes, c’est le poids de leur rape préférée. En effet, plus celle-ci est lourde,plus elle pèse sur la sangle, la sangle sur l’épaule, et l’épaule souffre.

Même si certains ayatollahs considèrent qu’une Les Paul doit peser plus de 5 kg pour sonner, la majorité des guitaristes préfèrent une guitare pesant bien moins de 4 kg.

La S570 , fine comme un mannequin anorexique.

L’utilisation de bois plus légers (comme le tilleul par exemple) est une option qui a souvent séduit les guitaristes, même parmi ceux qui demandent un maximum de sustain à leur machine de guerre. Comme quoi, ça résonne quand même.

un corps plus fin comme la Série « S » de chez Ibanez par exemple (voir ci-contre), est une autre solution, particulièrement élégante.

L’allègement qui a provoqué (et suscite encore) le plus d’émotion sur les forums guitartistiques est très probablement la solution de Gibson consistant à creuser le corps lui-même (« chambered body »), en arguant que – de plus – le corps récupère un peu de résonance en étant ainsi creusé, à l’image d’une acoustique.

Les différents types de cavités sur les Gibson « allégées ».

Le corps est donc ajouré de manière très étudiée (ou pas), et une table rapportée vient masquer le tout, ni vu ni connu j’t’embrouille.
Ce qui ne manque pas de donner lieu à d’interminables engueulades comme seul internet est capable d’en générer.

D’autres fabricants ont décidé de pousser la logique plus loin, en changeant radicalement la forme du corps et/ou sa conception.

Parmi ceux-là, Parker Guitars, qui a proposé des solutions assez radicales avec les types Fly. Il faut avouer que le style agresse un peu les gros conservateurs que nous sommes presque tous :

Une Parker Fly. Oui, on a l’impression qu’elle s’est cassé quelque chose.

Corps amoindri, poignée (oui, la corne sert à ça, et à l’équilibrage de la bête), et tout un tas d’autres solutions sont proposée ici. On aime ou on déteste, mais la démarche est remarquable, là où tout le monde copie les classiques formes Strato, Tele, LP et SG.

Tiens, quand on parle de poignée, on pense aussi assez immédiatement à la JEM, la guitare signature de Steve Vai.

La JEM70V, une version presque abordable du modèle Steve Vai.

…qui a une poignée, donc, c’est même son signe distinctif le plus immédiat, avec le « Lion’s Claw« , les défonces derrière le vibrato pour pouvoir le tirer plus loin.

Pour ce qui est de l’allègement, tout est bon. Alors Steinberger a eu l’idée de retirer la tête et de limiter le corps au strict nécessaire :

La Steinberger Spirit, entrée de gamme de la guitare sans tête.

Pas suffisant? OK, vous m’avez cherché. Allez, on y va franco avec les formes folles, qui ont toutes des raisons d’être.

Les guitares de chez Relish, creuses avec une poutre centrale en aluminium :

Une des particularités des guitares relish. Mais loin d’être la seule.

D’autres améliorations (comme le remplacement du sélecteur de micros par des mutes sensitifs) sont bien entendu présentes, je vous laisse aller faire un tour sur leur site.

 

La .Standberg* Varberg, avouez que ça intrigue.

Celle-ci est bien folle. Je vous laisse aller faire un tour sur le site de .Strandberg* (ça s’écrit comme ça), histoire de comprendre tous les tenants et aboutissants du truc. Et on parlera plus loin du manche et des frettes, qui sont aussi très spéciales.

Ce sont les dignes héritières de la fameuse GK, fruit de la collaboration entre le luthier Steve Klein et Ned Steinberger :

Les guitares GK, qui ont séduit quelques grands noms de la guitare.

Bon, faire des trous dans le corps pour l’alléger, c’est une idée, mais pourquoi ne pas plutôt faire un corps tellement ajouré qu’il ne pèse presque plus rien?

Un corps plein de trous. Ou un trou avec un peu de corps autour, c’est selon.

C’est la solution retenue par ODD Guitars, avec des grattes dont le corps est imprimé en 3D. Allez voir leur site, vous verrez ce que l’impression 3D peut apporter (en particuler en matière de pièces mobiles, la Steampunk est complêtement énorme)

Pourquoi se limiter à une poignée? C’est vrai, pourquoi ne pas transformer la guitare elle-même en poignée? C’est ce que propose XOX avec The Handle (qui veut dire poignée, oui).

The Handle. Si vous ne savez pas comment la porter, faut vous faire soigner.

Corps creux en fibre de carbone, forme ultra-ergonomique, look original. Avec ça, vous ne passerez jamais inaperçu en soirée. Et c’est quand même mieux qu’un sac à main pour s’occuper si le buffet est médiocre.

Voilà voilà. J’espère que ce dossier vous plaît : la semaine prochaine, on continue à creuser.

Bon week-end à tous !

Oui, non mais là, faut pas abuser.

Vous avez toujours rêvé de jouer de la guitare, mais ne voulez pas vous embêter à apprendre?

Un copain punk vous a dit qu’il suffisait de savoir jouer un seul accord et de le déplacer sur le manche?

Votre rêve peut devenir réalité, avec le Hand Chord, qui recherche des financeurs.

Le Hand Chord, une main gauche pour les débutants.

 

Je ne sais pas si c’est un poisson d’avril en avance, mais je crois que ce kickstarter n’aura pas mon soutien financier.

Ceci dit, mon intégrité journalistique (ha ha) me pousse à vous donner plus d’information.

En gros, c’est une sorte de « main gauche pour les nuls » : on configure la partie qui est au contact des cordes afin de réaliser un barré qui pourra donc être déplacé sur tout le manche.

on configure l’unique accord qu’on va utiliser…

On n’a plus qu’à appliquer l’accessoire où l’on veut, l’appareil étant accroché à la main gauche (la vraie) par un appendice rappelant vaguement un poing américain.

On peut même remplacer le « doigt » qui fait le barré par un slide, ce qui donne accès à un florilèges de possibilités.

Et hop! On remplace un « doigt » par un slide bar, et on devient un pro de la country ! Ou pas.

Bon, ça ne prend pas en compte de fait que les cases deviennent de plus en plus étroites à hauteur de manche, mais ça doit être jouable sur les 14 premières.

Allez, la vidéo de promotion du truc : rien que pour toi, ami lecteur.

C’est beau, mais je préfère quand même jouer avec mes doigts.

Et qu’un guitariste débutant apprenne plus d’un accord par chanson.

Je dis ça, je dis rien.