Les mains dans le cambouis.

Bon, c’est pas tout ça, mais la procrastination a ses limites. Il est temps que je mette un peu les mains dans le cambouis et que j’utilise mon atelier flambant neuf.

Aujourd’hui, on va s’essayer à la planimétrie des frettes.

« C’est quoi donc? » me demanderez-vous interloqués. En gros, le but du jeu est de limer les frettes afin que les sillons creusés par les cordes disparaissent, et que les frettes soient à nouveau planes, donc.

Un exemple de frettes abîmées :

Des sillons sont clairement visibles sur les frettes, creusés par l’action des cordes. Photo issue du site de Sylvain Balestrieri, luthier de son état.

La victime : ma chérie de toujours, délaissée depuis des années, maintes fois défigurée par mes essais : je veux bien entendu parler de ma toute première guitare, une Aria Pro II Thor Sound des années 80.

Je passe sur les affres qu’elle a déjà subi, et le fait que je ne l’aie toujours pas repeinte. J’ai décidé de m’attaquer aux frettes.

Je n’ai hélas pas pris de photo de l’usure de celles-ci avant de passer la lime, mais grosso modo il y avait du boulot.

Cette opération a été réalisée sur cette guitare il y a plus de 20 ans par un luthier parisien, François Guidon, qui avait eu la grande gentillesse de bien accueillir le débutant ignare que j’étais et de modifier cette rape de bas de gamme venue du Japon sans sourciller (rappelons que c’est un expert des archtops).

A l’époque, il changea les mécaniques d’origine pour des Schaller et réalisa la planimétrie des frettes. Il m’avait aussi dit que la prochaine fois, il faudrait refretter, les frettes étant trop entamées.

Aujourd’hui, je mets au défi le maître : si j’y arrive, c’est que c’était encore jouable, et sinon, ben je m’entraînerai au refrettage 😉

Tout commence avec le réglage du manche, afin que celui-ci soit le plus droit possible, ce qu’on contrôle avec une belle règle en aluminium.

Frettes noircies 1

La règle en alu, au fond, et au premier plan la lime géante qui va servir à réaliser la planimétrie.

On tourne le trussrod dans le sens des aiguilles d’une montre pour compenser l’absence de cordes. D’autres systèmes existent pour simuler la présence de cordes, mais ils sont hors de prix.

Marker

On colore le dessus des frettes avec un marqueur.

Une fois que c’est fait on colore les frettes au marqueur (noir ici) afin de voir où l’on a limé, et s’il ne reste pas des spots non touchés.

Sincèrement, le type qui a trouvé cette ruse est un génie, qu’il en soit remercié ici : sans ça, il est presque impossible de constater l’avancement de son travail.

Au fur et à mesure qu’on lime la surface des frettes, le marqueur est éliminé, et on sait ainsi s’il reste des « trous » indétectables à l’œil nu. Enfin le mien, en tout cas.

Une fois qu’on a utilisé la lime géante (en fait un tube d’aluminium avec une bande de papier abrasif autocollant dessous) et que nos frettes sont bien toutes au même niveau, on a fait la moitié du boulot*.

En effet, limer les frettes a eu pour conséquence d’aplatir le haut de celles-ci, ce qui pose des problèmes de justesse.

Il faut donc redonner à ces frette un joli arrondi afin que les cordes reposent sur le plus petit espace possible, le « fil » de la frette en quelque sorte.

Cette opération s’appelle le crowning, ou recrowning, c’est selon. Celui qui me trouve la traduction en français gagne mon estime.

Ici, vous avez la vue de côté de mes frettes. Oui, elles sont bien plates.

Frette plates

Je marque à nouveau mes frettes de façon à contrôlé l’avancement des opérations, et j’utilise une lime spéciale qui va rogner les côtés de chaque frette afin de lui redonner une forme bien arrondie.

Lime spéciale frettes

C’est un travail assez long, il faut entamer les frettes jusqu’à n’avoir plus qu’un « fil » de marqueur sur le haut de la frette.

Crowning 1

On voit qu’il reste un « fil » de marqueur sur le haut de la frette. C’est pas parfait mais c’est un début.

J’en suis pour l’instant aux trois première frettes, comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessus.

Plus de news quand il y en aura, bonne semaine à tous ! 😉

* Pour info, j’utilise ce système, mais la règle de l’art voudrait qu’on utilise une lime qui épouse la courbure de la touche (le radius). Ça existe, mais l’investissement est trop lourd pour un amateur comme moi. Pour l’instant.

La gratte la plus polyvalente du monde?

Ayatollas du vintage, passez votre chemin. Bon, maintenant que nous sommes entre gens ouverts d’esprit, jetez un œil à cette merveille :

La Music Man Reflex Game Changer n’a l’air de rien, comme ça, mais c’est une sacrée pelle !

– basée sur la Music Man Reflex, qui est une des guitares les plus sexy de la création (rappelons que c’est la ligne de la mythique Ernie Ball Music Man Van Halen) : en ce qui me concerne, je trouve que c’est devenu une forme aussi magique que celle d’une Tele, d’une Strato, d’une Les Paul ou d’une PRS.

– configuration de micros HSH (humbucker, simple bobinage, humbucker) qui est la combinaison la plus polyvalente qui soit, permettant par exemple d’avoir les sons gras des micros doubles ainsi que ceux cristallins des simples d’une Strato.

– pendant qu’on y est, ils ont rajouté les capteurs piezo dans le vibrato, histoire qu’on ait aussi des sons acoustiques crédibles (elle existe aussi en version sans les piezo, pour ceux qui n’aiment pas ça)

– et enfin, le système « Game Changer », qui correspond à un câblage changeable à volonté, rendant cette configuration encore plus polyvalente. Allez, la démo en images :

L’avantage c’est que ce système ne fait appel à aucune forme de modélisation, ce n’est que du câblage (géré par un circuit imprimé, je vous l’accorde), ce qui rassurera les quelques puristes encore présents dans la salle. Imaginez que vous avez la possibilité de câbler tous les micros comme vous le souhaitez sans toucher à un fer à souder, et en entendant le résultat immédiatement.

Ce qui pose la question essentielle : eh, Monsieur Music Man, tu veux pas vendre ton système qu’on le mette dans nos grattes à nous? Ceci dit, vu les endorsés de la marque qui sont intéressés par le procédé, nul doute que les autres modèles de la marque vont se retrouver avec l’option « Game Changer » d’ici peu, ils ont même un site consacré à l’appellation. A suivre, donc.

Vu que la Variax, qui permet d’en faire un poil plus mais au prix de la modélisation n’est pas un système disponible séparément à la vente, Music Man pourrait vendre des palettes entières d’électronique « Game Changer » s’ils se décidaient à franchir le pas. Bien entendu, je n’y crois pas trop. Seul Fernandes a jusqu’ici eu le courage de vendre son système innovant (le Sustainer), et ils ont eu bien raison.

Bon, si quelqu’un a 3000 euros dont il ne sait que faire, ou si les instances marketing de Music Man veulent faire un bon geste pour Noël, je suis disponible pour faire un test en profondeur, disons, sur 20 ans…

* A noter : le système est également développé sur une basse.

Mine de rien, c’est une bonne idée…

On essaie tous d’avoir un maximum de sustain avec nos pelles.

Si, Si, n’essayez pas de mentir. Bon, les 3 joueurs de banjo au fond de la salle, vous pouvez sortir, vous n’êtes pas concernés.

Pour les autres, en tout cas ceux qui utilisent ce type de mécaniques où la surface de contact de la mécanique avec le chevalet est assez réduite (essentiellement les vis de réglage de hauteur comme sur la photo ci-contre), on a une solution qui tape : les Babicz Full contact.

Une image valant mille mots, voici une vidéo du truc :

Bon, si c’est toujours pas clair, allez voir sur leur site. Franchement, c’est pas bête, les vibrations doivent être un poil mieux transmises au corps de la guitare avec un tel système. En plus, on doit nettement moins s’arracher les mains que sur un système vintage quand on essaie de faire un palm mute.

Au niveau prix, on est un peu cher pour les chevalets fixes alors que les blocs plus complexes (Tune-O-Matic et vibratos) sont aux prix de mêmes composants de bonne qualité.

S’ils veulent m’en envoyer quelques exemplaires, je me ferai une joie de leur faire une review détaillée 🙂

Ah, ouais, faudrait que je traduise mon site… un jour peut-être.

Pour ceux qui n’aiment pas souder, ou adorent tester des tartines de micros.

Allez, juste en passant, un truc rigolo pour titiller les plus bricoleurs d’entre vous. Ou les moins bricoleurs, c’est selon.

Le potentiomètre de Volume Liberator, un truc de ouf. En gros, une fois posé, vous changez de micro sans soudure en quelques secondes.

Bon, ceci dit, ça vaudra jamais le Triple Shot dont je suis un grand fan, on en reparlera.

Non, triple shot, c’est pas un jeu à boire., bande de soiffards.

Encore un bouquin à se faire offrir à Noël

Après The Foxy Lady Project, voici un autre bouquin à se faire offrir à Noël, probablement nettement plus casable dans un intérieur de moins de 200 m² :

108 Rock Star Guitars, un livre de la photographe Lisa S. Johnson que je mettrai bien sur une étagère. Le livre, bande de sauvages.

Si quelqu’un ne sait pas quoi faire de ses sous dans les jours qui viennent. Bon, on peut aussi essayer de le gagner sur le forum de Seymour Duncan.

Je suis trop bon, je sais.